Un territoire immense, des kilomètres de falaises sauvages et inaccessibles, les chamois du Jura sont gâtés. Au hasard d'une promenade, il arrive que l'on aperçoive les silhouettes plus ou moins furtives de rapides chamois. La chance aidant, le spectacle offert par ces animaux agiles pourra se prolonger.
Chamois dans la neige
Chamois dans la neige © Stéphane Godin / Jura Tourisme

Un corps adapté à la montagne

Même s’ils descendent relativement bas, les chamois affectionnent les rochers où leurs petits seront plus en sécurité. Quatre pattes agiles facilitent leurs déplacements et leur corps est adapté à la vie montagnarde. Pour les efforts en altitude, le sang qui coule dans leurs veines est particulièrement riche en globules rouges qui augmentent les facultés d’oxygénation. Pour affronter les frimas, le pelage devient plus épais et plus sombre dès la fin de l’été afin d’optimiser l’absorption des rayons du soleil.
Quand ils auront plus d’un an, les chevreaux qui naissent dès le mois de mai deviendront des « éterlous », s’ils sont mâles, et des « éterles », s’ils sont femelles. À l’âge adulte, ils seront boucs ou chèvres et pourront espérer vivre jusqu’à 25 ans. La distinction entre les deux sexes n’est pas toujours évidente. La chèvre est plus légère que le bouc d’une dizaine de kg et en général le crochet de ses cornes est moins recourbé. Sur les trophées, celles-ci permettent de déterminer l’âge car la croissance des cornes s’interrompt en hiver et laisse la trace d’un sillon.
Les chamois des Alpes ont colonisé le Jura par la Suisse au début des années 70.

Un régime alimentaire à base de plantes

Ils aiment les plantes herbacées qu’ils trouvent dans leurs biotopes. Grâce à un étalement de la germination dans le temps, la nourriture est disponible longtemps. Elle est très riche en matières nutritives, de plus ils ne consomment parfois qu’une partie de la plante. Ils mangent principalement les graminées et les fleurs telles les iris, les jonquilles, et les gentianes. Quelques fois, ils peuvent aussi manger du feuillage, des arbustes, voire des baies.

Chamois
Chamois © Stéphane Godin/Jura Tourisme

Les chamois ne boivent presque jamais d’eau. Ils la trouvent en grande quantité dans les plantes qu’ils ingurgitent. Quelques fois à la fin des poursuites du rut ou en été par grande chaleur, les boucs mangent de la neige. Les chamois évitent d’instinct les zones exposées au soleil, ce qui réduit les pertes en eau, et leur permet de trouver leurs plantes préférées.

Une vie sociale bien remplie

Les chamois sont généralement considérés comme des animaux diurnes, mais on pense aujourd’hui qu’ils peuvent aussi être actifs de nuit. Il est malheureusement difficile de les observer dans l’obscurité ! Ils passent près de la moitié de leur temps à se nourrir. Un quart du temps est consacré au repos, durant lequel s’effectue la rumination. Ils consacrent également un certain temps aux déplacements. Le reste de la journée ils surveillent les environs et entretiennent les relations sociales, et les jeunes jouent. Leur journée consiste en une alternance de phase d’activité et de repos, de durée variable. Les membres d’une harde ne s’adonnent que rarement tous en même temps à une activité, mais on peut observer une tendance sur la harde.
Les saisons influent sur ce rythme. En été et automne, les chamois ont tendance à s’alimenter en début et fin de journée, typiquement de 6 à 12 heures et de 14 à 18 heures, encadrant ainsi une phase de repos. C’est à cette période qu’ils passent le moins de temps à s’alimenter. En hiver, ils se nourrissent généralement trois fois. Au printemps, amaigris, ils se nourrissent presque tout le jour.
Ceci est valable pour les cabris, les éterles et les femelles et partiellement pour les éterlous. Les mâles adultes, au printemps et surtout en automne, lors du rut, passent énormément de temps dans les interactions sociales et l’observation, au détriment de l’alimentation.