Le Jura, une aventure millénaire

Né il y a 200 millions d’années, le Jura et la diversité de ses paysages révèlent un passé pour le moins mouvementé : monts, combes, plaines, reculées, grottes, sources, cascades et lapiaz sont autant de témoignages d’un histoire géologique incroyablement riche qui a laissé une multitude d’empreintes étonnantes.
Sentier karstique des Malrochers, © Bertrand Picault/Jura Tourisme
Sentier karstique des Malrochers, © Bertrand Picault/Jura Tourisme

De -250 à -100 millions d’années

Pendant une bonne partie de l’ère secondaire (époques du Trias, du Jurassique et du début du Crétacé), le Jura était une mer peu profonde parsemée d’îles, en bordure de l’océan Thétys, qui occupait l’espace des Alpes actuelles.

Ses marges étaient parcourues par les reptiles géants de l’époque : les dinosaures ! Des traces de leurs passages ont été exceptionnellement conservées et sont visibles sur les sites de Loulle ou Coisia.

Puis les fonds sableux de cette mer paradisiaque et le sel qu’elle contenait (voir plus bas) se sont peu à peu sédimentés sur des centaines de mètres d’épaisseur, pour former le calcaire qui constitue l’essentiel du Massif jurassien.

Les couches ont été parfois entrecoupées de dépôts de marne, une matière friable et grise. Calcaire et marne regorgent de magnifiques fossiles d’animaux marins – ammonites, gastéropodes, oursins, bélemnites, carapaces de tortues… Témoins du passé marin du Jura.

 

Traces de dinosaures de Loulle © Jura Tourisme

Traces de dinosaures de Loulle © Jura Tourisme

Lapiaz de Loulle, © Stéphane Godin/Jura Tourisme

Lapiaz de Loulle, © Stéphane Godin/Jura Tourisme

Traces de dinosaures de Loulle, © Jura Tourisme

Traces de dinosaures de Loulle, © Jura Tourisme

Le Jurassique est jurassien !

Le Jura est une terre si originale et spécifique qu’elle a donné lieu à l’appellation « jurassique » par d’éminents scientifiques du 19e siècle. Le Jurassique désigne ainsi la période géologique de formation des roches calcaires et marines.

De -30 à -2 millions d’années : Les couches se déforment

À l’ère tertiaire, la poussée de la plaque tectonique africaine vers le nord et son rapprochement de la plaque européenne a écrasé l’océan Thétys et provoqué l’érection des Alpes. Puis, en conséquence, l’effondrement de la Bresse et, plus tard, les plissements du Jura. Le Jura marin est devenu Jura continent et les premiers reliefs ont fait leur apparition.

Coupe géologique schématique du Jura
Belvédère de la Roche Blanche © Stéphane Godin/Jura Tourisme

De -2 millions d’années -20 000 ans : les glaciations envahissent le Jura à plusieurs reprises

Depuis 2 millions d’années (ère quaternaire), la Terre alterne des périodes de glaciation et des épisodes interglaciaires. La dernière – glaciation de Würm – a créé un immense glacier qui a raboté une partie du massif du Jura. Lors de la fonte, l’eau a été retenue dans certaines zones sur-creusées : c’est ainsi que sont nés les lacs du Jura et la plupart des zones humides et tourbières du territoire.

 

Tourbière de Bellefontaine © Jack Carrot/Jura Tourisme
Tourbière de Bellefontaine © Jack Carrot/Jura Tourisme

De -20 000 ans à nos jours : des reliefs façonnés par l’érosion

L’eau de pluie, acide et corrosive, attaque depuis des millions d’années les roches calcaires et contribue activement à dessiner ses paysages originaux. Elle sculpte les montagnes, creuse les sous-sols et les gorges, forme les lapiaz (des roches « trouées » ou « zébrées ») et ressort sous forme de cascades ou résurgences, très nombreuses dans le Jura.

Grotte de l'ermitage © Jura Tourisme

Grotte de l'ermitage © Jura Tourisme

Cascade du Flumen © Stéphane Godin/Jura Tourisme

Cascade du Flumen © Stéphane Godin/Jura Tourisme

Au plus près du terrain

Pour bien réaliser l’incroyable formation du Jura, rien ne vaut l’exploration personnelle !

Le Chapeau de Gendarme à Septmoncel

Découvrez le « Chapeau de Gendarme » dans les lacets de Septmoncel : une roche plissée anticlinale qui illustre la puissante pression exercée sur les roches calcaires.

Les reculées si typiques du Jura sont ces vallées spectaculaires et inattendues, nées de l’effondrement progressif de rivières coulant en leur milieu. Baume-les-Messieurs, Les Planches-près-Arbois, Gizia, La Frasnée, Blois-sur-Seille…

Grotte des Moidons

Aventurez-vous dans les grottes spectaculaires, notamment celles de Baume-les-Messieurs et des Moidons (à Molain).

Traces de dinosaure à Loulle

Retrouvez les traces des dinosaures à Loulle et Coisia (accès libre).

Explorez les sentiers karstiques balisés, comme celui des Malrochers à Besain, à la découverte des richesses géologiques du Jura.

Observez les lapiaz de Loulle, des Chauvins, des Crozets ou de Mignovillard.

Une histoire plutôt salée !

Le Jura : un coulis de calcaire sur du sel qui date du… Jurassique.

Le Jura est présenté comme une chaîne de montagnes, mais pour les géologues, il s’agit plutôt d’une fine pellicule de calcaire en mouvement… comme un coulis de fruits sur une panna cotta ! Effectivement, quand le plissement alpin a poussé et s’est soulevé il y a 11 millions d’années, tout ce qui se trouvait à son Ouest s’est lui aussi soulevé et a glissé vers la Bresse et la Bourgogne. Une très légère pente de l’ordre de 0,5° à 1° a suffi… C’est d’ailleurs cette glissade qui explique la structure du Jura : de grands plateaux non déformés (ou presque), tel le plateau de Champagnole, et des zones très plissées-cassées ici et là (à Salins par exemple).

Et c’est le sel qui en est le responsable ! Ce sel qui s’est déposé quand la mer qui recouvrait alors toute l’Europe du nord a disparu. Il a joué le rôle de lubrifiant en favorisant le décollement et le glissement de grandes unités tectoniques calcaires.

Ces grands mouvements ont cessé il y a 3 millions d’années, mais le Jura continue toujours à se déplacer comme en attestent les mini-séismes régulièrement enregistrés. Les mesures les plus précisés indiquent un déplacement horizontal d’environ 1 mm/an (soit 1 km/million d’années) et une élévation de 0,3 mm/an pour les sommets…

Vue sur la Grande Saline de Salins-les-Bains © Stéphane Godin/Jura Tourisme

L’Or blanc du Jura

Lons-le-Saunier, Salins-les-Bains… ces noms traduisent l'importance du sel dans le Jura… Les gisements jurassiens ont le plus souvent été exploités par dissolution. De l’eau était injectée dans une veine salifère et devenait saumure en dissolvant le sel. Cette saumure était conduite à la surface par une canalisation appelée saumoduc vers les salines (Montmorot, Salins, Arc-et-Senans…). Dans ces salines, la saumure était chauffée dans d’énormes poêles alimentées au bois afin de faire évaporer l’eau, puis permettre de récolter le sel ainsi re-cristallisé… Depuis des temps immémoriaux, le sel est utile pour l'alimentation car il conserve. Avant l’invention des réfrigérateur, saler la viande ou le poisson était la seule façon de les conserver. Ainsi, depuis toujours, le sel revêt une importance symbolique (symbole de l'amitié, de fidélité, alchimique…) et commerciale. Le sel a d’abord été une monnaie. Le mot salaire en est d’ailleurs issu : il correspondait à la somme d’argent, le salarium, donnée aux soldats romains pour s’acheter le sel. Il fut ensuite un impôt. En France, il s'agissait de la célèbre « gabelle ». Abolie définitivement qu’en 1945, la gabelle faisait l’objet de contrebandes qu’étaient chargés de surveiller des douaniers spécialisés : les gabelous. Ce nom est resté aux douaniers et a été donné au sentier pédestre qui relie La Grande Saline de Salins-les-Bains à la Saline Royale d’Arc-et-Senans, toutes deux inscrites au Patrimoine mondial de l’Humanité. Il ne vous surprendra donc pas que Lons-le-Saunier et Salins-les-Bains soient aussi devenues des villes thermales réputées. Les eaux de source de Salins-les-Bains, par exemple, sont plus denses en sel que la mer Morte et procurent une sensation d'apesanteur qui contribue à améliorer le sommeil, à baisser le niveau de stress…

Grande Saline de Salins-les-Bains © Prépare ta Valise/Jura Tourisme

Grande Saline de Salins-les-Bains © Prépare ta Valise/Jura Tourisme

Musée du sel - Grande Saline de Salins-les-bains © Jura Tourisme

Musée du sel - Grande Saline de Salins-les-bains © Jura Tourisme

La moitié de nos plastiques sont faits avec du sel… jurassien !

Le sel est parfois utilisé à l'état brut pour être déversé sur les routes en hiver, affiné il est utilisé pour la cuisine, mais le sel jurassien, lui, est utilisé par l'industrie chimique pour faire des plastiques. En effet, beaucoup de nos plastiques ne viennent pas que du pétrole, mais du sel. C'est le cas de tous les PVC (tuyaux, flacons, revêtements de sols, récipients, nappes, etc.). Et le chlore de ces PVC vient du chlorure de sodium, nom chimique du sel). Rien d’étonnant donc que le groupe belge Solvay, l’un des plus gros acteurs mondiaux de la chlorochimie, soit installé dans le Jura, à Tavaux, depuis presque 100 ans ! Il s’approvisionnait en sel depuis le gisement de Poligny jusqu’en 2007 (maintenant, ce gisement étant épuisé, il provient de Marboz, dans l’Ain). Mais rien d’étonnant non plus que Poligny se soit autoproclamée Capitale du Comté, avec ces nombreuses maisons d’affinage fortement consommatrices de… sel !